Les universitaires Olivier Lugon et Christian Joschke lancent une revue annuelle dédiée à l’histoire de la photographie
C’est un pari audacieux, par les temps qui courent: lancer une nouvelle revue. Les chercheurs spécialisés en photographie Olivier Lugon et Christian Joschke s’y attellent. Transbordeur photographie, 236 pages pour une quinzaine d’articles, sera en librairie le 9 février. Epais comme un livre, illustré comme un magazine, écrit serré comme une encyclopédie, le numéro un revient sur l’histoire des musées de photographies documentaires, avec des zooms sur la production de la famille Boissonnas ou les Archives de la planète rêvées par Albert Kahn. Il aborde également des sujets épars, tels la pratique des portraits funéraires chez les Ewé, le chromatrope ou des critiques d’ouvrages. Tiré à près de 2000 exemplaires, Transbordeur paraît une fois par an. Le point avec son codirecteur de la rédaction et professeur à l’Université de Lausanne, Olivier Lugon.
C’est un pari audacieux, par les temps qui courent: lancer une nouvelle revue. Les chercheurs spécialisés en photographie Olivier Lugon et Christian Joschke s’y attellent. Transbordeur photographie, 236 pages pour une quinzaine d’articles, sera en librairie le 9 février. Epais comme un livre, illustré comme un magazine, écrit serré comme une encyclopédie, le numéro un revient sur l’histoire des musées de photographies documentaires, avec des zooms sur la production de la famille Boissonnas ou les Archives de la planète rêvées par Albert Kahn. Il aborde également des sujets épars, tels la pratique des portraits funéraires chez les Ewé, le chromatrope ou des critiques d’ouvrages. Tiré à près de 2000 exemplaires, Transbordeur paraît une fois par an. Le point avec son codirecteur de la rédaction et professeur à l’Université de Lausanne, Olivier Lugon.
Le Temps: Pourquoi ce projet?
Olivier Lugon: C’est un peu un défi: il n’est pas évident de sortir une revue aujourd’hui, mais nous faisons le pari qu’avec un bel objet et une matière riche, les gens l’acquerront comme un livre. Christian Joschke, qui enseigne l’histoire de la photographie à l’Unige, savait que Genève souhaitait faire plus pour la photographie, il connaissait aussi les nombreuses recherches menées dans ce domaine entre Lausanne et Genève. Nous avons voulu les fédérer et sommes allés frapper à la porte des éditions Macula. C’est une maison importante pour l’histoire de l’art, notamment par sa politique de traductions. Notre projet était également de faire circuler la recherche internationale. Le comité de rédaction est composé de six spécialistes de la région lémanique mais le comité scientifique comprend des gens comme Georges Didi-Huberman ou Elizabeth Edwards. Les auteurs et les sujets proviennent du monde entier.
- 230 pages écrites en petit, des sujets pointus; quel public visez-vous?
- Nous publions une recherche universitaire, mais sommes persuadés que des thèmes peu connus comme les musées de photographies documentaires en 1900 peuvent intéresser un public plus large et que des sujets historiques peuvent avoir de fortes résonances aujourd’hui. Les musées de photographies documentaires permettent ainsi de comprendre les banques d’images et la circulation des photographies actuelle. Nous défendons une vision ouverte de la photographie. Ce numéro compte par exemple plusieurs articles en lien avec le cinéma.
- Pourquoi ce titre, référence à un pont marseillais?
- Ce pont est devenu un objet fétiche pour les photographes des années 1920. Il semblait ouvrir de nouvelles perspectives, une vision multidirectionnelle et décloisonnée. Il a aussi compté pour l’histoire de l’art: le Suisse Sigfried Giedion s’en est emparé pour élargir l’histoire de l’art aux objets anonymes, aux dispositifs de vision et aux infrastructures techniques. Nous reprenons cette idée pour ouvrir le champ des études sur la photographie à ses systèmes de diffusion, de circulation, d’exposition.
- Pourquoi consacrer ce premier numéro à la question de musées de photographies documentaires?
- Parce que cela a été un moment capital de l’histoire de la photographie, où l’on s’est confronté à la question de la masse croissante des images et à la façon de les gérer. On a alors pensé l’organiser pour produire et diffuser les savoirs plutôt que de la subir. Certains de ces projets ont été portés par de grandes ambitions démocratiques et universalistes. Les mêmes questions se posent aujourd’hui, mais le déferlement des images est plus souvent perçu comme néfaste, ce qui ne va pas de soi. Ces études sont issues d’un colloque organisé il y un an à l’Unil et à l’Unige dans le cadre de l’exposition de la Collection iconographique vaudoise à l’Elysée. Toutes inédites, elles forment la première histoire transnationale de ce mouvement.
- Quel est votre plan de financement?
- Nous avons reçu des soutiens de nos universités et de fondations romandes pour ce premier numéro. Nous misons aussi sur les ventes; la qualité de la maquette devrait y aider.
- Qu’en est-il d’une version numérique?
- Un site est en préparation, mais des questions telles la traduction en anglais ou le type d’accès au contenu restent à trancher. Nous tenons beaucoup à la qualité d’objet de la revue car la matérialité des photographies est au centre de notre approche.
Transbordeur: photographie, histoire, société, 236 pages, 28x21,5 cm, éditions Macula. En vente sur le site de l’éditeur (29 euros) et en librairie. Présentation le 15 février à 18h30 à la librairie le 29, à Paris et le 30 mars à 19h au musée de l’Elysée, à Lausanne.
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